Immigration temporaire au Québec – Le commissaire à la langue française dépose son rapport Immigration temporaire : choisir le français

Communiqué

Québec, le 14 février 2024 – Le commissaire à la langue française, M. Benoît Dubreuil, a déposé aujourd’hui à l’Assemblée nationale son rapport Immigration temporaire : choisir le français. Il y présente un portrait détaillé et actuel de la connaissance et de l’utilisation du français par les immigrantes et les immigrants non permanents, y compris les titulaires d’un permis de travail, les titulaires d’un permis d’études et les demandeurs d’asile.

Il y expose également une évaluation des répercussions de la hausse de l’immigration temporaire sur la situation linguistique. Ainsi, cette hausse expliquerait une partie importante du recul du français comme langue connue et comme langue utilisée au travail depuis 2016. « En 2016, on recensait 86 065 immigrantes et immigrants temporaires au Québec. En octobre 2023, ce nombre avait atteint 528 034. J’estime qu’environ le tiers de ces personnes ne maîtrisent pas le français. Or, parmi elles, la plupart connaissent l’anglais et l’utilisent de façon prédominante au travail », a déclaré M. Dubreuil.

La situation des étudiants et des diplômés étrangers

En 2021, la situation linguistique était particulièrement préoccupante chez les titulaires d’un permis d’études. En effet, 44 % d’entre eux utilisaient l’anglais de manière prédominante au travail. Dans la région métropolitaine de recensement de Montréal, près de 53 % des étudiants étrangers travaillaient principalement en anglais. De plus, en 2022, parmi les personnes qui ont obtenu un permis de travail postdiplôme, 48 % ne connaissaient pas le français.

L’apprentissage du français par la population non permanente

Selon l’analyse du commissaire, parmi les immigrantes et immigrants temporaires qui auraient besoin d’apprendre le français, la plupart ne se sont pas inscrits aux cours offerts par Francisation Québec. De plus, ceux qui y participent consacrent à leur apprentissage un temps insuffisant pour réussir à parler français couramment. « Selon mes calculs, il faudrait dégager une somme entre 11 G$ et 13 G$ pour couvrir les coûts associés à l’apprentissage du français de tous les résidentes et résidents non permanents qui ne le maîtrisent pas », a déclaré M. Dubreuil.

Recommandations

Pour accroître la part de l’immigration temporaire qui connaît et utilise le français, le commissaire à la langue française recommande au gouvernement du Québec une série d’actions.

Ainsi, il lui suggère de renforcer les mesures pour encourager les employeurs et les établissements d’enseignement à recruter des personnes qui connaissent déjà le français. Dans le cas des personnes qui ne connaissent pas déjà cette langue, le commissaire propose au gouvernement d’établir des étapes claires pour s’assurer que les immigrantes et les immigrants s’engagent le plus tôt possible, idéalement avant leur arrivée, dans un processus crédible et réaliste qui les amènera à apprendre et adopter le français.

Pour augmenter la connaissance et l’utilisation du français chez les personnes qui demandent l’asile, le commissaire recommande la mise en place, à l’échelle canadienne d’un mécanisme de répartition qui tiendrait compte de leurs compétences linguistiques. « Une nouvelle entente fédérale-provinciale est nécessaire pour appuyer l’accueil et l’intégration des demandeurs d’asile. Cette entente devrait non seulement prévoir un mécanisme de partage des coûts, mais aussi chercher à réduire les coûts de l’intégration linguistique. Ainsi, les personnes qui ont déjà une base en anglais devraient être réorientées de manière prioritaire vers l’une des huit provinces anglophones qui reçoivent peu de demandeurs d’asile », a affirmé M. Dubreuil.

Le rapport est accessible dans le site Web du Commissaire à la langue française à l’adresse commissairelanguefrancaise.quebec.

Faits saillants

  • En 2021, 33,4 % de l’immigration temporaire était incapable de soutenir une conversation en français, soit 60 635 personnes de 15 ans et plus.
  • De 2021 à 2023, la population non permanente qui ne connaissait pas le français aurait pratiquement triplé.
  • La proportion de la population québécoise incapable de soutenir une conversation en français aurait atteint environ 7,2 % en 2023, comparativement à 5,6 % en 2016.
  • En 2021, 35,5 % de l’immigration temporaire travaillaient principalement en anglais. La proportion était la plus élevée chez les titulaires d’un permis d’études (44,1 %), tout en étant très forte chez les titulaires d’un permis de travail (32,9 %) et chez les personnes demandeuses d’asile (29,2 %).
  • En 2023, une minorité de personnes ne maîtrisant pas le français a participé aux cours offerts par le gouvernement du Québec, soit environ 39,5 % des titulaires d’un permis de travail, 14,1 % des titulaires d’un permis d’études et 5,2 % des personnes demandeuses d’asile.

À propos du commissaire à la langue française

Entré en fonction le 1er mars 2023, le commissaire à la langue française a pour fonction de veiller au respect des droits et des obligations prévus à la Charte de la langue française. Il a également pour fonction de surveiller l’évolution de la situation linguistique et il peut formuler à l’attention du gouvernement ou de l’Assemblée tout avis ou recommandation pour favoriser l’usage du français comme langue commune.